Baisse attendue des rendements des SCPI : causes et perspectives

Le marché a tranché : la baisse des rendements des SCPI n’est plus une hypothèse, mais une réalité qui secoue les investisseurs. En 2023, plusieurs sociétés civiles de placement immobilier ont procédé à des réajustements à la baisse de la valeur de leurs parts, une mesure inédite depuis plus d’une décennie. Ce mouvement s’inscrit dans un contexte où la hausse rapide des taux d’intérêt bouleverse les fondamentaux de l’immobilier tertiaire en France.

L’exposition au risque de liquidité, rarement évoquée lors des années de croissance, revient au premier plan. Les investisseurs institutionnels, longtemps considérés comme un socle stable, réduisent désormais leur exposition, inversant une tendance installée depuis la crise financière de 2008.

Pourquoi les rendements des SCPI sont-ils en baisse ? Décryptage des causes et du contexte actuel

Depuis la seconde moitié de 2023, les SCPI traversent une période complexe. Plusieurs dynamiques s’entremêlent et expliquent la baisse attendue des rendements. Les sociétés de gestion naviguent désormais dans un environnement de marché immobilier bouleversé par la hausse marquée des taux d’intérêt. Résultat : le financement devient plus corsé, les investisseurs se montrent sélectifs, et la valorisation des actifs s’ajuste à la baisse.

Pour mieux comprendre cette mécanique, voici les principaux leviers à l’œuvre :

  • Baisse du prix des actifs : L’immobilier tertiaire, qui constitue la colonne vertébrale des portefeuilles SCPI, voit ses valeurs d’expertise reculer. Paris et les grandes métropoles européennes ne sont pas épargnées. Face à la concurrence des obligations et à une liquidité en berne, la correction des prix des parts s’impose.
  • Repli de la collecte : Les flux entrants ralentissent nettement. Face à l’incertitude, de nombreux épargnants choisissent d’attendre. Cette prudence pèse sur la capacité des gestionnaires à saisir des opportunités et à atténuer l’impact de la baisse des prix.
  • Hausse des taux de vacance : Certains segments, en particulier les bureaux et commerces, pâtissent d’une demande locative atone. Les revenus locatifs reculent, entraînant mécaniquement une baisse du taux de distribution.

La remontée des taux directeurs en France et en Europe transforme la gestion des SCPI. Les modèles de placement immobilier doivent composer avec plus de volatilité, une pression accrue sur la gestion et l’obligation de repenser les stratégies d’acquisition. Place désormais à la sélectivité et à une gestion méticuleuse ; l’époque faste de 2015 à 2021 semble déjà loin.

Quels risques pour les investisseurs face à l’évolution du marché des SCPI ?

L’évolution du marché des SCPI met les porteurs de parts face à de nouveaux risques, difficiles à écarter. Premier point de vigilance : la perte en capital. Depuis que plusieurs sociétés de gestion ont revu le prix des parts à la baisse, le capital investi est exposé au risque de moins-value lors de la revente. La liquidité n’est plus acquise : il devient parfois nécessaire de patienter pour revendre ses parts, surtout sur les véhicules à capital variable.

Autre sujet sensible, la volatilité des revenus. Le taux de distribution fléchit, sous la pression conjuguée des marchés locatifs fragiles et des réévaluations d’actifs. Les loyers encaissés fluctuent, notamment sur les bureaux et commerces où la demande reste disparate. L’investisseur doit désormais composer avec des revenus moins prévisibles, souvent en deçà de ce qu’il espérait.

Sur le plan fiscal, la rentabilité nette se trouve amputée par les prélèvements sociaux. Pour ceux qui investissent hors enveloppe fiscale comme l’assurance vie, la facture grimpe, et la diversification internationale, même si elle amortit certains chocs locaux, expose à d’autres risques : change, fiscalités multiples.

La réputation des SCPI comme placement stable et peu volatil s’érode. Daniel Collignon, figure du secteur, ne cesse de rappeler l’importance d’ajuster ses attentes et de s’inscrire dans la durée. Aujourd’hui, il faut redoubler de vigilance, suivre de près les bulletins trimestriels, et garder la main sur le pilotage de son portefeuille.

Immeubles résidentiels avec panneau a vendre en journée ensoleillée

Perspectives d’avenir : faut-il repenser sa stratégie d’investissement en SCPI ?

La baisse attendue des rendements des SCPI pousse à réévaluer sa feuille de route. L’époque du rendement facile et régulier, portée par la bonne santé de l’immobilier tertiaire, s’éloigne. Les épargnants les plus avertis réorientent déjà leur sélection vers la diversification des actifs et le sérieux des sociétés de gestion.

Intégrer ses SCPI à un contrat d’assurance vie retrouve aujourd’hui de l’intérêt. Ce véhicule permet d’atténuer le poids des prélèvements sociaux tout en optimisant la fiscalité globale. Les assureurs adaptent leurs offres et proposent désormais des véhicules comme SCPI Transitions Europe, ou des supports spécialisés dans le Grand Paris, la logistique ou la santé.

Trois axes de réflexion pour les investisseurs

Pour ajuster sa stratégie, il convient d’explorer plusieurs pistes :

  • Examinez la solidité des actifs : privilégiez les SCPI ayant anticipé les évolutions du marché, notamment en matière de reconversion des bureaux et de gestion dynamique du parc immobilier.
  • Adoptez une logique de diversification patrimoniale : les parts de SCPI ont vocation à compléter une allocation globale, sans constituer l’unique pilier du patrimoine.
  • Optez pour la souscription via des contrats d’assurance vie afin de bénéficier d’un cadre fiscal plus favorable et d’une liquidité accrue.

L’achat de parts doit s’inscrire dans la durée, sans nourrir l’espoir de gains rapides. La correction du prix de souscription SCPI, qui s’est amorcée en 2023, rappelle à chacun l’importance d’évaluer rigoureusement la gestion, la stratégie et la capacité d’adaptation des sociétés civiles de placement immobilier, en France comme à l’étranger.

À mesure que les repères vacillent, le secteur des SCPI impose une nouvelle discipline. Entre vigilance et anticipation, l’investisseur navigue désormais en eaux moins calmes, mais la boussole reste la même : sélectionner, surveiller, s’adapter. Le temps des certitudes s’achève, celui du discernement, lui, commence.

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